Quelques remarques sur la révision du PDU

Dans le cadre de l’enquête publique concernant la révision du Plan de Déplacements Urbains (PDU), qui s’achève ce 12 février, voici quelques remarques et commentaires qui ont été portés à la connaissance du commissaire enquêteur au nom de notre collectif.

Tout d’abord, nous nous réjouissons de l’objectif affiché d’une diminution de la circulation automobile à l’horizon 2028 et de la volonté d’« aménager des itinéraires cyclables, qualitatifs, continus et lisibles, et [de résoudre] des points durs ».

Va également dans le bon sens l’objectif d’un report modal vers les modes actifs par un « meilleur partage de la voirie ».

Nous nous posons cependant des questions sur les moyens techniques et financiers déployés ainsi que les arbitrages présentés pour atteindre ces objectifs.

Relation vélo/automobile

Dans le projet de PDU, il n’est pas précisé de relation entre l’usage du vélo et de la voiture automobile. Le seul critère évalué est le nombre de kilomètres du réseau cyclable. D’autres critères comme la qualité de ce réseau, la moyenne de personnes transportées par rapport à la surface utilisée ou l’incidence sur la circulation automobile n’y figurent pas1.

Organisation et hiérarchisation du réseau

Il est évoqué page 37 une « étude d’organisation et hiérarchisation du réseau viaire pour arbitrage ». Cette étude est une très bonne chose pour arbitrer et définir des moyens dédiés. Cependant, à partir de quels référentiels sera réalisée cette étude, et sera-t-elle rendue publique ? Comment s’articulera-t-elle avec les différents « plan piétons », « plan vélos », « schéma directeur vélo » et « guide d’aménagements et de gestion des espaces publics » ?

On ne peut que souhaiter que cette étude s’inspire des référentiels nationaux (Cerema) et des outils existants dans des métropoles plus avancées que la notre en matière de politique cyclable.

Le projet de PDU manque de clarté sur ces points qui sont pourtant très importants.

Réseau et itinéraires cyclables

Aucune notion de réseau, ni d’itinéraire n’est expressément décrite. Aucune description des aménagements n’est proposée (bande, piste, réseau express). Si le Plan vélo doit décrire plus précisément l’existant, ce n’est pas précisé dans ce projet de PDU.

Aucune notion d’audit ou d’analyse des aménagements existants n’est mentionnée. Nombre d’aménagements actuels sont non conformes, car dangereux ou réalisés le plus souvent sur trottoirs, ce qui peut créer des conflits d’usages avec les piétons. Une analyse des aménagements actuels sera-t-elle réalisée à l’aune des objectifs généraux du PDU ? (réduction de la circulation automobile, augmentation du nombre de déplacements à vélo).

Dans la fiche action 3.1, il est décrit la volonté « lors de tout réaménagement de voirie, [de] systématiser les aménagements permettant de sécuriser et faciliter les déplacements des cyclistes, tels que les sas vélos, les « cédez-le-passage aux feux » et la création de double sens cyclable dans les voies à sens unique (excepté dans les secteurs où ces aménagements risquent d’être accidentogènes). »

Au regard de la Loi LAURE, chaque réaménagement de voirie en zone urbaine implique la création « d’itinéraires cyclables pourvus d’aménagements sous forme de pistes, marquages au sol ou couloirs indépendants, en fonction des besoins et contraintes de la circulation ». Si des aménagements améliorant la sécurité et les déplacements des vélos sont très utiles, ils ne sont clairement pas suffisants au regard de la loi. Aussi, la place attribuée au vélo lors de chaque réaménagement de voirie doit être plus explicitée pour être conforme.

Budget dédié

Le budget dédié pour les aménagements cyclables est de 500k€ par an. Ce budget semble très insuffisant au regard de la moyenne nationale des collectivités de taille équivalente.

Le club des villes et territoires cyclables – dont Orléans Métropole est membre – dans son enquête nationale 2015/20162 annonce un budget vélo moyen de 10,1 € par habitant pour les collectivités de plus de 250000 habitants, soit un budget théorique de 2 828 000 € pour la métropole orléanaise. Près de six fois plus donc..

Aussi , il semble judicieux de :

  • comptabiliser l’ensemble de dépenses réellement dédiées au vélo afin de pouvoir établir des comparatifs pertinents.
  • d’augmenter en tout état de cause très significativement le budget réellement dédié aux aménagements cyclables.

Traversée de la Loire

Il est évoqué un budget de 30 M€ pour la « sécurisation des franchissements de Loire pour les modes actifs ». C’est un budget qui semble hors de proportion au regard des 500 k€ spécifiquement dédiés par an3. Au-delà du fait que cet aménagement sous forme de passerelle n’est pas dédié exclusivement au vélo (usage partagé avec les piétons), il semble établi que cette ou ces passerelles ne pourront pas être accolées au pont George V. De plus, cette passerelle, au delà de son coût financier, ne pourra pas être techniquement réalisée avant plusieurs années. Si cette passerelle peut avoir une utilité autre que vélocipédique utilitaire (loisir et tourisme), la notion d’itinéraire cyclable reste foncièrement liée à des aménagements au sein des grands axes existants.

Dans le PDU, il n’est évoqué à aucun moment la possibilité de réserver une voie du pont George V à l’usage des vélos. Dans l’attente de la mise en place de nouveaux franchissements de la Loire, et sous réserve de la pertinence de leurs emplacements, une expérimentation dans les meilleurs délais de quelques mois de cette solution économique (et totalement réversible) serait l’occasion de répondre rapidement et efficacement à l’ensemble des objectifs définis dans le projet de PDU (résolution de points durs, augmentation des déplacements vélos, diminution de la circulation automobile).

Notes

  1. Car comme le rappelle le journaliste spécialiste des questions de mobilité Olivier Razemon : oui, il faut « opposer les modes ».
  2. Les politiques en faveur des piétons et des cyclistes dans les villes françaises, Observatoire des mobilités actives du Club des villes et territoires cyclables, 2016.
  3. Voir notre communiqué : Passerelle sur la Loire : une nouvelle fausse bonne idée

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